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BOULEDENEIGE 28 (2/2) : 5 ans de guerre - Bilan et perspectives en Irak - Thierry MEYSAN

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Message  Admin Jeu 27 Mar - 19:16

http://www.voltairenet.org/article156085.html


5 ans de guerre
Bilan et perspectives en Irak
par Thierry Meyssan*


(suite de la 1ère partie)

Que va-t-il se passer maintenant ? La démission de l’amiral William Fallon a exacerbé le conflit entre les officiers supérieurs états-uniens [6]. D’un côté, le général David Petraeus se félicite des résultats de sa stratégie. L’augmentation du nombre d’hommes sur le terrain a correspondu à la diminution des violences. Il exige donc le maintien d’au moins 140 000 GI’s en Irak. De l’autre, le général Mike Mullen, inquiet du surdéploiement et de l’épuisement de ses troupes, cherche par tous les moyens à les retirer pour éviter une rupture logistique imminente, suivie d’une défaite prévisible.
Petraeus déposera les 8 et 9 avril devant le Congrès, qui tranchera. Les partisans de l’occupation font tout ce qu’ils peuvent pour que le général ne soit accompagné que par ses plus fidèles adjoints ; tandis que les partisans du retrait tentent de glisser un témoin à charge dans la salle d’audition. Car la décision des parlementaires et l’avis de l’opinion publique dépendront de l’appréhension qu’ils auront de la poursuite de cette aventure.
Contrairement à ce qu’affirme David Petraeus, l’amélioration sécuritaire n’a pas grand chose à voir avec les 30 000 GI’s qu’il a reçus en renfort. En effet, il a donné instruction de réduire les patrouilles en ville et de cantonner au maximum les troupes dans les casernes. S’il veut maintenir un corps expéditionnaire aussi nombreux, c’est qu’il a besoin d’hommes, de manière occasionnelle, pour mener de vastes campagnes punitives. C’est surtout que ces hommes doivent rester sur zone pour jouer plus tard la seconde manche : l’attaque de l’Iran, qui n’est certes plus à l’ordre du jour, mais qui ne pourra jamais être envisagée si les personnels sont rapatriés.
En réalité, les résultats du général Petraeus sont le fruit d’une stratégie élaborée par son conseiller australien, David Kilcullen. L’idée de base est de « désagréger » la Résistance, de la faire passer d’un mouvement national à une multitude de groupuscules désarticulés. Les Kurdes se sont tenus calmes tant qu’ils ont cru aux promesses que Washington leur énonce depuis seize ans : s’ils coopèrent, ils auront un jour un État indépendant avec un sous-sol gavé de pétrole. Les chiites se sont calmés lorsque les Britanniques ont notabilisé leurs leaders en les associant à la gestion régionale, puis nationale, et que l’Iran a appelé les plus irréductibles à la retenue. Quand aux sunnites, ils ont cessé leurs attaques lorsque les jeunes les plus révoltés ont été identifiés, traités comme des délinquants et non comme des idéalistes, et que 80 000 d’entre eux ont été salariés à 10 dollars par jour.
Le général David Petraeus n’a aucune intention d’expliquer cela en détail au Congrés car il sait qu’il ne pourra pas continuer longtemps sur cette voie. Sa stratégie contre-insurrectionnelle a trouvé sa limite : elle devient incompatible avec les objectifs de ses patrons, le tandem Bush-Cheney, soutenu par les multinationales du pétrole et de l’équipement. Et son « plan B » n’est pas réjouissant.
L’objectif actuel principal de la Maison-Blanche, c’est en premier lieu l’adoption par le Parlement irakien et la ratification par son gouvernement d’une loi donnant licence aux compagnies pétrolières US d’exploiter les ressources du pays à des conditions léonines [7] ; puis la signature et la ratification d’un accord de sécurité irako-US autorisant des bases militaires états-uniennes extra-territorialisées pour les siècles à venir.
Pour les mettre en œuvre, le vice-président Cheney s’est rendu cette semaine en Irak et dans la région. Il a obtenu la promulgation d’une nouvelle loi électorale, bloquée depuis février. Sur cette base, des élections législatives auront lieu le 1er octobre pour composer un nouveau Parlement, plus docile. Pendant un mois et demi, on jouera la lune de miel entre Bagdad et Washington, le temps de laisser passer l’élection présidentielle US. Puis, dés que la loi sur le pétrole et l’accord de sécurité seront actés, le pays s’embrasera à nouveau contre l’occupant. Le seul moyen de s’assurer de la victoire future, c’est de réduire aujourd’hui la résistance potentielle, tel est le « plan B ». La Maison-Blanche a choisi de s’appuyer à terme sur les sunnites, avec l’aide de l’Arabie saoudite, contre les autres populations irakiennes. La nouvelle loi électorale a été conçue pour renforcer la représentation sunnite au Parlement. Par ailleurs, un message clair a été envoyé aux Kurdes via l’armée turque. Reste à éradiquer les milices chiites avant qu’elles ne se soulèvent. C’est ce que le général irakien Mohan al-Furayji devra essayer de faire dans les six prochains mois.
L’amiral Fallon, qui vient de démissionner du Central Command, considérait ce « plan B » comme voué à l’échec. Dernier grand officier à avoir vécu la guerre du Vietnam, il avait mit en garde à propos des combats à livrer au sud de l’Irak, non plus dans des déserts, mais dans des marécages d’Al-Basra. Deuxièmement, il anticipait qu’une guerre contre les chiites irakiens déstabiliserait immédiatement le Koweït voisin, puis à terme le Bahrein et l’Arabie saoudite. Troisièmement, il considérait que neutraliser des combattants sunnites à 10 dollars par jour, c’est être certain qu’ils se retourneront contre les États-Unis avec les armes qu’on leur a données dès qu’ils le pourront.
Au demeurant, Petraeus et Kilcullen ont toujours affirmé qu’ils préviendraient ce problème en régularisant à terme leurs combattants-salariés, c’est-à-dire en les intégrant dans les forces de sécurité irakiennes. Mais on ne voit pas comment ces dernières pourraient absorber instantanément 80 000 hommes sans être infiltrées par la Résistance. D’ores et déjà 49 unités auraient fait défection avec leurs armes et 38 menaceraient de le faire si leurs hommes ne sont titularisés sans délais [8].
Comme je l’ai indiqué dans ces colonnes la semaine dernière, William Fallon avait conduit des négociations fructueuses avec l’Iran pour pacifier la région. L’accord a été confirmé lors d’une réunion secrète réunissant le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le chef d’état-major interarmes des États-Unis, Mike Mullen, le 2 mars à Bagdad. Il a été désavoué par la Maison-Blanche et les engagements pris au nom des États-Unis n’ont pas été tenus. Cela non plus ne pourra pas être expliqué par David Petraeus au Congrès. La rupture unilatérale de cet accord secret a conduit Téhéran à prendre des mesures de rétorsion, au premier rang desquelles l’encouragement de radicaux irakiens chiites à la rébellion. En outre, la Chine et surtout la Russie ayant été associées à ces négociations, et ne pouvant accepter un dispositif menaçant à terme l’intégrité de l’Iran, ont également pris des mesures de rétorsion. La discrète visite du général Leonid Ivashov à Damas, suivie du voyage officiel du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a ouvert la voie à un transfert massif d’armes à la Résistance irakienne, libanaise et palestinienne.
S’il y a une leçon à tirer des cinq première années de la guerre d’Irak, c’est que certains protagonistes ne tirent jamais de leçon de leurs erreurs. Les leaders kurdes ont, comme toujours depuis un siècle, conduit leur peuple dans une impasse [9]. Le Pentagone reproduit avec ses salariés sunnites ce qu’il a fait en Afghanistan et devra affronter les mêmes conséquences : il forme et arme des voyous jusqu’à en faire d’incontrôlables seigneurs de la guerre. Quand à la Maison-Blanche, elle s’entête à faire passer les intérêts de quelques firmes (ici Bechtel, BP, Chevron, ExxonMobil, Halliburton, Shell, etc.) devant ceux des États-Unis, et croit déraisonnablement que la corruption et la violence permettent de dominer toutes les situations.
Le général Leonid Sajin, qui ayant vécu la mort de l’URSS n’a pas de mal à concevoir celle des États-Unis, déclarait mardi à Moscou : « La guerre d’Irak, qui dure depuis 5 ans, a pratiquement épuisé l’armée états-unienne qui était considérée jusque-là comme la plus puissante du monde. Seul le désespoir peut à présent pousser les États-Unis à déclencher une guerre contre l’Iran. Une telle guerre sonnera la fin de cette armée : frappés par la récession économique et compte tenu du mauvais moral de leurs militaires, les États-Unis ne tiendront pas le coup ». Nous pouvons ajouter, les États-Unis ne survivront pas non plus à une guerre dans les marécages irakiens contre l’Iran par milices chiites interposées.
Thierry Meyssan
Analyste politique, fondateur du Réseau Voltaire. Dernier ouvrage paru : L’Effroyable imposture 2 (le remodelage du Proche-Orient et la guerre israélienne contre le Liban).
Les articles de cet auteur
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[1] « Le Net et la rumeur », Le Monde, 21 mars 2002
[2] « Complotite », par Serge Halimi, Le Monde diplomatique, mai 2002.
[3] « La fin de quelle guerre ? », par Jack Naffair, Réseau Voltaire, 15 avril 2003.
[4] « Qui gouverne l’Irak ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 13 mai 2004.
[5] « Discours du président Bush sur la guerre globale au terrorisme », délivré au Pentagone, le 19 mars 2008.
[6] « La démission de l’amiral Fallon relance les hostilités en Irak », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 13 mars 2008.
[7] « L’Irak occupée cédera-t-elle son pétrole aux "majors" ? », par Arthur Lepic, Réseau Voltaire, 20 juin 2007.
[8] « Awakening councils : Sunni militia strike could derail US strategy against al-Qaida », par Maggie O’Kane et Ian Black, The Guardian, 21 mars 2008.
[9] « Le Pentagone prêt à intervenir avec l’armée turque », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 8 août 2007.[url][/url]http://www.voltairenet.org/article156085.html

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